« Handling piste » : comment allier performance et équité dans la planification d’un service complexe ?

Dans un aéroport, le « handling piste » est une activité complexe, délicate à organiser, qui couvre tous les services rendus aux avions -depuis leur arrivée jusqu’à leur départ- ainsi que l’assistance et la prise en charge des passagers.

Cette activité a deux particularités. D’abord, elle requiert une habilitation de sûreté pour les agents puisqu’ils travaillent en zones sécurisées. Ensuite, elle leur demande un grand nombre de compétences : ils doivent savoir manœuvrer divers engins, camions, passerelles, push (véhicule servant à pousser les avions vers l’arrière pour les éloigner des installations au sol), tunnels… Compétences qu’ils doivent maintenir à niveau en les pratiquant régulièrement mais aussi alternativement, pour varier la pénibilité de leur travail. De ce fait, ils ne doivent pas être affectés aux mêmes tâches indéfiniment. L’habilitation de sûreté est une contrainte supplémentaire puisqu’il faut prendre en compte le temps de passage au PIF (poste d’inspection filtrage) de chacun des salariés, avant et après sa vacation.

Une difficulté liée à un grand nombre de contraintes

La grande difficulté vient justement de la prise en compte des toutes ces contraintes : rotation des agents pour équilibrer les pénibilités spécifiques, et maintenir leur compétence sur les différents engins par la pratique, définition des horaires en fonction des vols, et des délais de passages aux fouilles, ainsi que l’anticipation d’éventuelles absences qui altéreraient la coordination de ces différentes dispositions. Dernière contrainte : l’absentéisme prévu ou non doit être pris en compte dans la gestion des équipes. Il faut que le planificateur puisse trouver rapidement un remplaçant.
En général, une équipe est affectée à une même zone de parking sur une demi-journée : une équipe pour le matin, une équipe pour le soir. Souvent, cette zone est réservée à un certain type d’avions qui nécessite le même type d’engins. Elle est dirigée par un coordinateur, responsable de chaque vol sur la vacation. C’est lui qui va distribuer les tâches aux différents agents. En général, les planificateurs lui établissent des horaires qui couvrent l’ensemble de la demi-journée.

Une meilleure gestion des équipes

Une autre façon de procéder est possible, en positionnant les horaires des équipes sur ceux des vols. La difficulté vient du fait que ces horaires peuvent varier. Par exemple, un petit aéroport de province peut avoir une forte activité le matin et le soir, mais des après-midi très calmes.
Une solution est de prévoir et d’anticiper les zones de parking de chaque vol : en fonction du type d’avion, de sa destination, de sa provenance et éventuellement de la compagnie à laquelle il appartient. Même si en raison des mouvements au jour le jour, un retard par exemple, certains ajustements restent à faire. Cela permet d’identifier l’activité sur chaque zone, et donc de constituer les équipes.
Ensuite pour constituer les équipes, nous recommandons de planifier uniquement dans un premier temps les horaires du chef d’équipe. Puisqu’il est responsable des avions, il doit être en poste avant l’arrivée du premier avion, et ne partir qu’après le départ du dernier avion sur sa vacation. Ensuite, selon les zones et les vols présents, on attribue aux agents qui ont les compétences nécessaires les mêmes horaires.
Il est aussi préconisé d’établir une grille cyclique de repos pour chaque personne de chaque équipe afin qu’elle sache à l’avance quels seront ses jours OFF. On peut également préciser des plages horaires permettant de savoir dans quelle partie de la journée ou de la nuit seront établis ses horaires.

Risques et avantages

Le fait de synchroniser les horaires -chaque membre de l’équipe possède les mêmes horaires- ne permet pas d’optimiser au mieux le temps de travail car les salariés n’ont pas tous des occupations au même moment. Mais, c’est une façon de favoriser l’équité et la paix sociale, d’obtenir une meilleure cohésion, un meilleur esprit d’équipe donc une plus grande efficience au final. Une forte optimisation des horaires n’est pas essentielle pour planifier cette activité car la moindre minute de retard coûte cher aux compagnies et à l’aéroport. En revanche une bonne organisation et une bonne rotation des équipes sont une assurance de bonne optimisation des coûts.

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